Style d’autorité de l’enseignant et rapports sociaux dans la salle de classe

 

 

Un certain nombre de pédagogies dites démocratiques (comme la Pédagogie institutionnelle ou celle de Paulo Freire) ont mis en avant l’importance du leadership démocratique de l’enseignant dans la salle de classe. Cependant, il est nécessaire de prendre en compte également d’autres rapports sociaux.

 

Le rapport social autoritaire et le leadership démocratique :

 

Depuis les pédagogues anarchistes de la fin du XIXe siècle, plusieurs pédagogies ont remis en cause le style de leadership autoritaire de la pédagogie traditionnelle en critiquant l’existence d’un rapport social autoritaire entre l’enseignant et les apprenants qui dans le cas des élèves et de l’enseignant se double bien souvent d’un rapport social âgiste.

 

Paulo Freire, dans Pédagogie de l’autonomie, met en avant la distinction entre l’enseignant autoritaire, démocratique et le laisser-faire (ce dernier correspondant à l’approche de non-directive par exemple celle de Carl Rogers).

 

Ce tryptique trouve se retrouve également chez Kurt Lewin qui a influencé également la pédagogie institutionnelle. Il y distingue trois styles de leadership en dynamique de groupe : démocratique, autocratique et laisser-faire.

Styles de leadership

Démocratique

Autocratique

Laisser-faire

Stimule et encourage le dialogue entre les membres du groupe avant la prise de toute décision.

Décide seul des directives à suivre et les impose aux membres du groupe.

Accorde sans réserve la liberté aux membres du groupe de prendre les décisions.

Coordonne et régule les activités du groupe et n’intervient que pour orienter et stimuler l’efficacité du groupe

Détient seul la planification des activités et fait des autres membres du groupe de simples exécutants qui exécutent tâche après tâche, sans toutefois savoir où ils vont.

Présente les ressources mises à la disposition du groupe ne fournit d’autre information que sur demande

Crée un environnement de travail serein en encourageant les membres du groupe à organiser les activités aussi bien qu’ils le peuvent, et à se mettre avec les membres du groupe de leur choix

Répartit les tâches et constitue souverainement les équipes.

Intervient le moins possible dans la prise des initiatives et dans la formulation des suggestions

Présente clairement les critères d’évaluation de l’efficacité du groupe, critères qui sont transparents et objectifs ; intervient dans le groupe comme une partie intégrante.

Garde secret les critères d’évaluation de l’efficacité du groupe ; intervient occasionnellement pour donner des leçons et montrer l’exemple à suivre.

N’évalue pas l’efficacité du groupe ; entretient des relations cordiales avec les membres du groupe et reste passif.

 

(Source du tableau : Henri Tedongmo Teko et Yves Bapes Ba Bapes, « Influence sociale et leadership dans la direction des personnes », SociologieS [En ligne], Premiers textes, mis en ligne le 29 septembre 2010, consulté le 12 mars 2019. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/3204 )

 

Rapports social autoritaire et autres rapports sociaux dans la salle de classe

 

Néanmoins, la remise en cause du rapport social autoritaire ne suffit pas garantir la remise en cause des autres rapports sociaux. C’est pourquoi, il est nécessaire d’adopter une approche intersectionnelle des rapports sociaux dans la salle de classe.

 

Ainsi, un enseignant au leadership démocratique peut néanmoins laisser avoir dans sa classe des interactions filles/garçons qui sont déséquilibrés.

 

(COLLET, Isabelle. Faire vite et surtout le faire savoir. Les interactions verbales en classe sous l’influence du genre. In: Revue internationale d'ethnographie, 2015, n° 4, p. 6-22. https://archive-ouverte.unige.ch/unige:82580 )

 

Un enseignant qui a un style démocratique de gestion de classe peut également reproduire les rapports sociaux de classe sociale dans la salle de classe.

 

(Deauvieau Jérôme, "Pratiquer le cours dialogué en SES : activisme langagier ou mise en activité intellectuelle ?" Sociologie du Travail , n°49, 2007 )

 

Cela peut aussi être le cas des élèves nouvellement arrivés en France qui dans la salle de classe peuvent être plus en retrait du fait de leur plus grande difficulté à parler le français.

 

(Etude sur la scolarisation des élèves allophones et nouvellement arrivés en France - https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2018/12/etude-sur-la-scolarisation-des-eleves-allophones-nouvellement-arrives)

 

Conclusion : L’étude des rapports sociaux dans la salle de classe nécessite de prendre en compte non seulement le rapport social autoritaire, mais également les rapports sociaux de sexe, de classe sociale ou de racisation.