Pédagogie critique : différence entre l’autogestion et l’entreprise libérée.

 

 

Petite défense intellectuelle contre le néolibéralisme :

 

 

La notion d’autogestion s’ancre dans l’histoire du mouvement ouvrier :

 

L’ancêtre de la notion d’autogestion se trouve dans l’oeuvre de Proudhon. Il défend l’idée que pour combattre le capitalisme, les ouvriers doivent s’associer dans des compagnies ouvrières où ils géreront eux-même la production.

 

(Voir : De la capacité politique des classes ouvrières)

 

La notion d’autogestion (les années 1950-1970) :

 

La notion d’autogestion apparaît dans les années 1950 au début pour désigner un mouvement de gestion des entreprises par les ouvriers dans la Yougoslavie de Tito.

 

Mais c’est en particulier dans les années 1970 que se terme devient particulièrement en vogue dans les milieux de gauche en France et cela dans différents secteurs : de l’extrême gauche anarchiste, trotskiste, gauche chrétienne, mais également deuxième gauche modernisatrice et réformiste.

 

Néanmoins, dès les années 1970, l’autogestion tend à devenir une notion ambiguë car elle recouvre différents projets en réalité :

- la notion d’autogestion (au sens des socialistes libertaires) constitue une forme de démocratie ouvrière accompagnée d’une collectivisation des moyens de production.

 

- dans la deuxième gauche réformiste, l’autogestion tend à devenir un synonyme de management participatif et d’ailleurs le terme est progressivement abandonné.

 

L’entreprise libérée (dans les années 2010) :

 

« Le système hiérarchique classique est remplacé par une structure plate où les collaborateurs s'auto-dirigent . Avec un effet accélérateur sur le bien-être au travail. Un programme très séduisant pour les générations Y et Z. » (voir : https://www.manager-go.com/organisation-entreprise/entreprise-liberee.htm)

 

L’entreprise libérée constitue donc une forme en apparence « libertaire » d’organisation de l’entreprise plus apte à séduire des générations préférant des fonctionnement plus horizontaux.

 

On va trouver ce mode de fonctionnement en particulier dans les start-up, mais aussi dans certaines entreprises mettant en œuvre des formes dites d’happy management.

 

Différence entre l’autogestion et l’entreprise libérée ?

 

La différence entre l’entreprise libérée et l’autogestion ne porte pas tant sur l’horizontalité des pratiques d’organisation que sur la question de la propriété des moyens de production.

 

Dans l’entreprise libérée, la question de la propriété privé individuelle du capital et non collective par les salariés, à la différence d’une SCOP- Société coopérative de production-, n’est pas posée.

 

Donc l’autogestion ne peut être synonyme d’une pratique uniquement de démocratie, mais elle combine des pratiques de démocratie directe et la propriété collective des moyens de production par les salariés.