La norme scolaire et la production de l’exclusion sociale

 

 

La norme scolaire participe au processus de production de la norme sociale dominante. L’école est productrice de normativité. Ceux qui ne s’inscrivent pas dans la norme scolaire sont alors considérés comme des déviants ou des anormaux, quand ils ne sont pas pathologisés, encourant le risque d’une marginalisation sociale.

 

L’école reproduit les inégalités sociales et elle de ce fait également conduite à produire de la discrimination sociale sur la base de ces inégalités. La normativité scolaire discrimine plus particulièrement certains groupes sociaux (http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/ ).

 

Figures d’élèves stigmatisés par la normativité scolaire: décrocheur, en échec scolaire, élève perturbateur, en difficulté scolaire, élève faible, ayant des troubles de l’apprentissage, victime de phobie scolaire...

 

Il faut noter que certaines de ces figures d’élèves stigmatisées se trouvent plus particulièrement situées dans certains groupes sociaux: les garçons des classes populaires immigrés. C’est parmi ce groupe que se trouve désigné le plus souvent les élèves considérés comme les plus éloignés des attendus scolaires.

 

L’école française comme machine à produire de la discrimination sociale

 

L’école française distribue socialement les élèves en fonction de leur sexe, de leur origine sociale, migratoire, de leur situation de handicap.

 

Les élèves se trouvent triés dans des filières scolaire dont les moins socialement prestigieuses, les plus directement professionnalisantes, concentrent les enfants de milieu populaire, en particulier d’immigrés. Elle répartit également les enfants dans les filières en fonction de leur sexe.

 

A la norme de la réussite scolaire, s’oppose la norme de l’échec scolaire.

 

Celui-ci peut être marqué par l'illettrisme (près de 5% de jeunes lors de la Journée défense de citoyenneté). Dans une société, où la culture scripturale est omniprésente, celui qui ne sait pas lire et écrire se trouve marginalisé. L'école participe de la production de la norme de la culture scripturale comme condition de l'insertion sociale.

 

L’échec scolaire peut être également marqué par le décrochage scolaire (entre 11 et 12% de la population scolaire). La sortie de l’école sans diplôme rend très difficile l'accès à l’emploi. Le taux de chômage des non-diplômés est trois fois supérieur à celui des diplômés. L’Etat par la certification scolaire encadre en grande partie la légitimité de l’accès au marché du travail et joue un rôle dans la distribution de la hiérarchie sociale.

 

La phobie scolaire (1 à 3% d'élèves) est un comportement qui exprime un mal-être relativement à l’école qui conduit l’élève à refuser de se rendre à l’école et à se cantonner dans un isolement social. Cette phobie peut être la conséquence d’une situation de harcèlement scolaire. Le groupe même des élèves peut produire une pression sociale au conformisme aux normes sociales dominantes.

 

Les troubles de l’apprentissage (6 à 8% d'élèves) sont des catégories de pathologies produites par la norme scolaire. Les troubles dys- ont été reconnus socialement sous l’effet de l’importance qu’à pris la norme de la réussite scolaire. C’est à partir du moment où cette norme a pris une place si centrale que les troubles cognitifs de l’apprentissage ont pu aller à être considérés comme des handicaps. Même lorsqu’ils ne sont pas considérés comme des handicaps - au sens strict-, ils peuvent faire l’objet d’une reconnaissance, qui également une forme d’étiquetage, au sein du système scolaire, à travers par exemple un PAI.

 

Les problèmes de comportement scolaire constitue une autre norme du système éducatif. Selon Sylvie Ayral dans La fabrique des garçons, 80% des sanctions disciplinaires au collège sont prises à l’encontre des garçons. L’école est un espace de normalisation des comportements. Au-delà, les problèmes de comportements peuvent revétir la catégories de  TDAH (trouble de l'hyperactivité et de l'attention). 

 

Il est possible de remarquer que bien souvent il y a une prévalence de garçons dans ces catégories (exemple TDAH, certains troubles dys...) et bien souvent de garçons de milieux populaires (par exemple le décrochage..). L'ensemble de cet étiquetage (problème de comportements et troubles de l'apprentissage...) conduit à une prévalence supérieur d'orientation vers des filières telles que la SEGPA. La philosophie ou la sociologie ne se prononcent pas sur l'existence biologique des troubles de l'apprentissage, mais elles permettent de s'interroger sur les conditions qui ont rendu possibles la place que prennent ces catégories dans notre société. Cela n'est possible que parce que l'école et la norme de la réussite scolaire a pris une telle importance dans l'accès au marché de l'emploi dans un contexte de chômage de masse.

 

 

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