A. Bevort, A. Jobert, M. Lallement, A. Mias (dir.), Dictionnaire du travail

Paris, PUF, 2012, 860 p., 32, 50.

 

 

L’ouvrage, coordonné par quatre sociologues, est composé de plus de 140 entrées rédigées par 138 spécialistes, principalement issus de la sociologie, mais également de l’anthropologie, du droit, de la gestion, de l’histoire, de la philosophie et de la science politique. Il s’appuie sur une définition large du travail, qui prend en compte ses dimensions anthropologique et subjective, juridique et sociale. Les entrées, principalement thématiques, analysent le travail comme pratique et comme vécu, comme ce qui intègre l’individu dans un groupe professionnel ou identitaire et comme ce qui structuré par une organisation ou une institution. 

Les articles, d’une longueur de 5 à 7 pages, sont relativement clairs et s’accompagnent d’une bibliographie. Ils exposent les notions centrales, les grandes thématiques, enjeux et controverses en lien avec le travail.

Une entrée dans le dictionnaire par le thème, actuellement central, de la souffrance au travail nous a permis de constater l’étendue des disciplines mobilisées et des débats. Si l’on aborde la question par l’entrée « risques psychosociaux », on est à cheval sur le médical, le psychologique et le social. L’entrée « suicide » nous ramène aux classiques de la sociologie et notamment de la sociologie des professions, mais nous place également du côté de la législation et du droit. En revanche, l’entrée « souffrance », qui renvoie à la psychodynamique du travail, centre l’analyse sur des questions de type psychologique et notamment sur la question des défenses mobilisées individuellement et collectivement par les agents dans les situations difficiles. Des entrées comme celle d’« activité » (une notion centrale de l’ergonomie, qui fait également l’objet d’un article) ou d’« autonomie » nous ramènent aux marges entre organisation du travail et action des agents, entre prescription et réalité du travail. La lecture des différents articles nous permet également d’entrevoir la diversité et la richesse méthodologique des analyses portant sur le travail, qu’il s’agisse de l’opposition entre démarches quantitatives et qualitatives ou au contraire de leur complémentarité, ou encore du large panel de moyens d’observations déployé par la psychologie dans ses divers embranchements : entretiens individuels et collectifs, recherche-action notamment.       

Pour résumer, le dictionnaire apparaît comme un outil commode qui permet d’aborder le travail par des champs disciplinaires multiples et d’acquérir une vue englobante des transformations qui affectent aujourd’hui à la fois son organisation, sa perception et son analyse. On peut néanmoins déplorer que les articles, et particulièrement ceux consacrés aux disciplines engagées dans l’analyse du travail, ne présentent pas une plus grande cohérence en termes de plan et de format d’exposition. De même, les controverses, les méthodes et les enjeux spécifiques des différents champs disciplinaires auraient peut-être pu faire l’objet d’un exposé plus systématique. En effet, si l’ouvrage fait bien ressortir la grande diversité du sujet, il ne permet peut-être pas suffisamment d’en saisir pleinement les découpages internes et les lignes de fracture.  

 

Nada Chaar

 

 

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