Le racisme au travail

Fiche de formation


 

Xénophobie et racisme:

Le racisme a-t-il toujours existé ?

 

Il faut distinguer entre xénophobie et racisme.

 

La xénophobieest une peur de l’étranger qui repose sur l’opposition entre le nous et les autres. On peut ainsi voir des marques de cette attitude dans des écrits de l’Antiquité. Cela apparaît par exemple par la distinction que les Grecs font entre eux et ceux qu’ils appellent les Barbares.

 

Le racisme comme idéologie: Le racisme est une idéologie qui se met en place en Occident à partir de l’époque moderne et qui consiste à hiérarchiser les différents groupes sociaux ou les peuples selon de critères raciaux. C’est au XIXè siècle que le racisme atteint son apogée théorique avec une anthropologie physique raciste pseudo-scientifique, que l’on appelle parfois racialisme. Le racialisme ne classifie pas uniquement les peuples extra-européens, mais également “les blancs”, en aryens, latins, slaves, tziganes, sémites...

 

Mais le racisme ne se limite pas simplement à une idéologie qui justifierait des attitudes ou des paroles.

 

Le racisme comme système social: Le racisme n’est pas seulement une idéologie, ilest un fait social total qui implique à la fois une relation d’exploitation économique, de domination politique et de justification idéologique soutenant des comportements. Le racisme est un système qui entend organiser la société sur un critère racial ou ethnique.

De fait, il ne peut y avoir racisme que lorsqu’un tel système se met en place. Nombre d’auteurs s’accordent pour considérer que c’est principalement à travers la conquête de contrées extra-européennes par les Européens, puis la traite négrière et la colonisation que se met en place un système raciste.

 

Il a pu néanmoins exister, avec une moindre ampleur, à d’autres époques ou dans d’autres zones géographiques que l’Europe, des systèmes de type racistes (ex: organisation de l’esclavage à Rome qui y soumet principalement les prisonniers de guerre, ségrégation des Juifs par Saint-Louis en France au Moyen-Age...).

 

De fait, cela explique pourquoi la notion introduite par le Front National, de racisme anti-blanc, est inexacte. D’un côté, il y a un système raciste, sous-tendu par une exploitation économique, qui constitue la base du racisme des “blancs”. De l’autre, il peut y avoir des actes de xénophobie ou des réactions à un racisme subi, mais celui-ci n’est pas sous-tendu par un système d’exploitation économique et juridique.

 

Racisme biologique et racisme culturel

 

Dans la manière dont se théorise le racisme, on effectue également une distinction entre racisme biologique et racisme culturel.

Au XIXè siècle, une forme d’anthropologie physique pseudo-scientifique entreprend de distinguer et de hiérarchiser des races biologiques au sein de l’espèce humaine.

 

Mais après le nazisme, cette idéologie perd à la fois sa légitimité politique et scientifique. Du point de vue scientifique, les généticiens montrent qu’alors que s’il est possible de distinguer des races au sein des espèces animales - liées principalement à une sélection artificielle dans le cadre d’espèces domestiques - il n’est pas possible d’établir de différences raciales au sein de l’espèce humaine.

 

Le racisme culturel consiste dans le fait d’établir des distinctions et de discriminer les individus en fonction de leur origine géographique, de leur nationalité, de leur langue ou de leur religion, c’est-à-dire plus généralement de leur culture d’origine. Ces discriminations ne reposent pas sur une base biologique. Ce changement idéologique de base du racisme est marqué par le passage du terme (biologique) de race à celui (culturel) d’ethnie.

 

Néanmoins si le racisme a perdu sa base pseudo-biologique, la classification en termes naturalistes en races continue d’opérer dans le sens commun. On parle couramment de “noirs”, d’”arabes”, de “juifs” de “tziganes” comme s’il s’agissait de races homogènes qui auraient un substrat physique. Pour qualifier cette tendance, on parle de racialisationdu discours. Pour montrer que les personnes victimes de racisme continuent de subir une telle naturalisation qui n’a pas de support physique, on parle de personnes racisées.

 

La discrimination est le fait de traiter différemment un individu en fonction d’un critère quel qu’il soit. De fait, la lutte juridique contre les discriminations ne se limite pas à celle contre les attitudes racistes, mais inclut également la lutte contre des discriminations sur des critères sexuels ou liés à un handicap, physique par exemple. La lutte contre les discriminations se limite à une lutte contre les comportements et ne se donne pas pour but une transformation de l’organisation économique et politique de la société.

 

Les différentes manifestations du racisme au travail

 

- La dimension économico-juridique du racisme

 

- La dimension économique:

 

Le racisme au travail se manifeste tout d’abord comme un rapport social d’exploitation économique organisé sur une base raciale.

 

-Par le passé:

Cette forme d’organisation du travail a pu prendre à travers l’histoire des formes différentes dont l’une des principales a été l’esclavage. Celui-ci consiste à attribuer un statut juridique particulier à des individus, principalement sur la base d’un critère racial afin de capter leur force de travail.

 

D’autres formes ont pu exister de nature diverses, comme celles sous l’ancien régime (ou également sous le régime de Vichy) qui interdisait aux juifs certains emplois ou dans les anciennes colonies françaises, des formes de travail forcé, assimilables à des corvées.

 

- Actuellement dans les pays occidentaux:

 

Il est possible de constater l’existence d’un tel système d’organisation économique, qui prend soit une existence de fait, soit une forme juridique.

 

Il est possible de constater que de fait notre organisation économique fonctionne en partie avec l’appel à des immigrés qui effectuent des tâches non qualifiées et physiquement pénibles qui, tout en étant nécessaires, sont sous payées et sont donc refusés en partie par les nationaux.

 

Il est possible de remarquer ainsi qu’un certain nombre d’emplois manuels sont principalement occupés par des immigrés de la première génération: bâtiment, nettoyage....

 

Une autre forme de rapport d’exploitation économique dont sont victimes des personnes immigrées est ce que l’on qualifie d’esclavage moderne, qui peut être domestique ou sexuel. Cette situation consiste pour des particuliers à confisquer les papiers d’une personne immigrée afin de la contraindre à travailler généralement dans l’espace domestique. Il existe des formes semblables de contrainte au travail sexuel dans les réseaux de prostitution.

 

On peut ainsi remarquer qu’il existe des formes d’exploitation économique qui sont spécifiques aux “racisés” et qui ne se réduisent pas à celles du salariat en général.

 

- La dimension juridique:

 

Il est possible de remarquer que le pouvoir politique a joué historiquement un rôle important dans la mise en place d’organisations sociales racistes par l’édiction de lois: régime de Vichy, ségrégation en Afrique du Sud...

 

Le droit français proclame l’égalité juridique entre tous les êtres humains au travers des déclarations des droits de l’homme, mais en réalité cette égalité juridique ne concerne encore aujourd’hui que les citoyens ou les nationaux français.

 

Il existe plusieurs lois qui tendent à établir des distinctions entre Français et étrangers dans le travail. La première est celle qui interdit l’accès aux étrangers hors Union européenne au statut de fonctionnaire et à certains emplois dans la Fonction publique.

 

Il existe par ailleurs des lois qui visent à organiser l’immigration économique, par exemple sur la base d’un politique d’immigration choisie qui consiste à favoriser l’immigration de personnes provenant de telle ou telle région géographique en fonction de tel ou tel emploi.

 

Cette politique d’organisation sur des critères de nationalité de l’accès au travail est également le fait de lois et de procédures limitant l’accès de certains travailleurs immigrés à la carte de séjour et en faisant des travailleurs sans papiers.

 

Il est donc important de remarquer que l’Etat joue un rôle fondamental dans l’organisation économico-politique du système raciste par l’édiction de lois.

 

- Les dimensions comportementales du racisme: discours et comportements

 

Si le racisme en tant que système a une base matérielle économique, organisée par une législation spécifique, il se caractérise également par des comportements (ex: discriminations) et des discours (ex: injures).

 

- La discrimination raciste à l’embauche

 

Le racisme peut se manifester dans l’entreprise dès le recrutement: des études sociologiques ont mis en avant l’existence d’une discrimination à l’embauche. Ainsi le fait de posséder un prénom d’origine maghrébine constitue un facteur important de discrimination à l’embauche selon ces études . La spécificité de l’oppression raciste apparaît également dans le fait que selon ces études, un jeune homme diplômé issu de l’immigration maghrébine subit davantage de discrimination à l’embauche qu’une jeune femme maghrébine diplômée.

 

- Les attitudes racistes au sein de l’entreprise

 

Une fois l’entreprise intégrée, le racisme ne cesse pas pour autant. La personne racisée peut être victime d’au moins deux formes de racisme.

 

Il peut exister des formes individuelles de racisme entre des personnes d’origine française à l’égard de personnes issues de l’immigration ou de Français d’origine immigrée ou des DOM/TOM. Ces attitudes racistes prennent appui sur tout un système social raciste.

Elles ne sont pas de ce fait équivalentes par exemple aux phénomènes de xénophobie entre étrangers immigrés.

 

Néanmoins, il arrive que ce racisme individuel soit lui même le produit de l’organisation raciste de l’entreprise elle-même. Ainsi dans le bâtiment, les postes de manoeuvres non qualifiés peuvent être occupés par les immigrés sans papiers d’Afrique noire, les postes de contre-maîtres par des immigrés ou des Français d’origine maghrébine ou portugaise, tandis que les postes d’ingénieurs sont occupés par les personnes d’origine française.

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    abdelmoumen fouad (mercredi, 12 janvier 2011 19:37)

    bonsoir,l'idéologie raciste et la plus ancienne des idéologie que l'homme a pu produire, d'ailleurs la bonne foi religieuse n'exclut pas certaines formes du racisme(en peut citer des exemples dans les textes sacrés). je pense que les attitudes et les dispositions que peut avoir les gens de manière générale sont conditionnées par des croyances et pratiques que la socialisation culturelle et politique.le contexte cognitif caractérisant une culture déploie une résistance profonde aux changements structurelle et au développement socio économique .cela est tout a fait normal dans la mesure ou tout bouleversement a ce niveau conduit infailliblement a un redéploiement des positions sociales et a un reclassement sociale relatif au rapport de force détermine par et intérêts matériels des acteurs sociaux développant ces idéologies.