Développement durable et décroissance

 

 

La préoccupation écologiste a émergé durant les années 60-70. Dès cette époque, le discours écologiste a eu au moins trois visages: scientifique, militant (associations et partis) et institutionnel (avec une prise en compte de cette question dans des sommets internationaux).

 

  • Le développement durable:

 

La notion de développement durable a acquis une existence au niveau des instances internationales puis du droit international, avec respectivement, le rapport Brundtland en 1987 et la déclaration de Rio en 1992. Ce principe a par la suite était introduit en droit européen dans le traité d’Amsterdam en 1997

Cette préoccupation acquiert une force en droit français en 1995 avec la loi Barnier relative au renforcement de la protection de la nature.

Le développement durable pour les entreprises et pour les administrations publiques n'est donc pas seulement un enjeu éthique ou de marketting, mais c'est avant tout un ensemble d'obligations juridiques.

 

La notion de développement durable est héritière de la notion d'éco-développemen,t théorisée par l'économiste Ignacy Sachs. Le développement durable ne peut être réduit à une simple préoccupation environnementale. L'environnementalisme consiste à se centrer sur la protection de la nature et des espèces naturelles sans prendre en compte les êtres humains et les préoccupations par exemple liées à la faim dans le monde. Au contraire, le développement durable repose sur trois piliers: la préoccupation écologiste, la préoccupation sociale et l'efficacité économique. Le principe fondamental c’est la viabilité sur le long terme des politiques économiques et la solidarité intergénérationnelle. A cela est venu s'ajouter dans un deuxième temps un quatrième pilier: la culture.

Le développement durable, par opposition à la notion de croissance, ne prend pas seulement en compte la question de l'efficacité de la production économique. La vision économique néo-classique dominante ne prend en compte qu'un calcul à court terme et traite les questions sociales et environnementales comme des externalités. En prenant en compte la dimension environnementale, la notion de développement durable complète la question du développement humain.

 

  • Le principe de précaution

 

En 2005, La notion de développement durable acquiert une valeur constitutionnelle en étant intégré au préambule de la constitution de la Vème République via la Charte de l'environnement (après avoir été inscrit au traité de Maastricht en 1992). Désormais, il s'agit d'une dimension que doit prendre en compte le Conseil Constitutionnel dans son étude de conformité.

Mais la Charte de l'environnement introduit également le principe de précaution. Cette notion, inspirée du philosophe Hans Jonas édicte que nous devons prendre en considération les générations futures et que, lorsqu'il y a un doute, il vaut mieux s'abstenir: « lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ».

Néanmoins, le caractère flou et souvent discuté des risques rend difficile l'application de cette notion.

 

  • La décroissance

 

La notion de décroissance prend à l'origine appui sur les théories de Nicholas Georgescu Roegen, avant de connaître un regain d'intérêt chez des économistes tels que Serge Latouche. Ces derniers entreprennent une critique de la notion de développemen,t qu'ils considèrent comme européanocentriste. En effet, cette notion suppose, selon le modèle de Rostow, un ensemble de phases par lesquelles passe chaque pays: certains étant plus ou moins en retard sur le chemin de cette évolution économique. Ces économistes soulignent le fait que les modes de fonctionnement économiques traditionnels des pays du Sud ont des logiques spécifiques qui ne sont pas nécessairement celles de l'utilitarisme occidental.

La notion de décroissance part de la thèse du caractère limité des richesses et de celle que, par conséquent, le mode de vie actuel pratiqué dans les pays occidentaux, lié à la société de consommation, en particulier aux Etats-Unis, n'est pas un modèle viable pour l'ensemble des êtres humains. Ces théories voient dans les économies traditionnelles des pistes qui pourraient être prolongées. Celles-ci ne seraient pas, contrairement à ce que prétend la doxa occidentale, synonymes de disette, mais seraient capables d'assurer une subsistance alimentaire.

Les décroissantistes prônent ainsi un changement radical des modes de production, de consommation et de vie. Il s'agit de privilégier une économie intensive en main-d'oeuvre, relocalisée, axée sur la production de biens durables et recyclables. Du côté du consommateur, ils prônent la simplicité volontaire et un mode de vie « slow » (lent), opposé à nos rythmes actuels (fast food, productivisme, vitesse des transports...).

 

Les tenants d’un alter-développement, qui défendent la notion de développement durable, reprochent aux tenants de la décroissance de risquer d’oublier le bien-être des êtres humains, et en particulier des plus pauvres, au profit de la protection de la nature.

Les tenants de la décroissance reprochent aux “développementalistes” de partager un présupposé commun avec les tenants de la croissance: c’est que le développement suppose le caractère illimité des ressources naturelles. En outre, les tenants de la décroissance, qui sont également anti-capitalistes, arguent du fait que le système capitaliste suppose la croissance et que par conséquent, contrairement au développement durable, la décroissance est absolument incompatible avec le système capitaliste.

 

  • Syndicalisme et environnement

 

La question des rapports entre syndicalisme et environnement a commencé à se poser dès les années 1970 et la CFDT a essayé, à cette époque, dans ses textes de congrès, de prendre en compte cette question.

Le premier problème posé par les rapports entre syndicalisme et écologie est posé par le fait que le mouvement syndical a considéré, comme plus largement l'ensemble du mouvement socialiste, que le bien-être de l'humanité serait acquis grâce à une stratégie productiviste et qu'il n'y avait de pénurie qu'organisée par la capitalisme, la nature fournissant tout en abondance.

La question des rapports entre mouvement écologiste et mouvement syndical se pose également à un autre niveau théorique, qui est celui de savoir si les destructions écologiques découlent uniquement du système capitaliste ou si d'autres systèmes économiques peuvent produire des destructions écologiques qui ont pu nuire aux populations. Cela revient à se demander s'il existe une autonomie, au moins relative de l'écologie, par rapport à la question anti-capitaliste.

 

La prise en compte de la question écologique pour les organisations syndicales peut avoir un impact à plusieurs niveaux:

 

  • la question de la reconversion des industries polluantes: la revendication d'un maintien de l'emploi dans les industries polluantes peut entrer en contradiction avec le souci écologiste

  • la question de la réorganisation des modes de production: l'un des axes consisterait à avoir une réflexion sur le développement de la technique au service d'une diminution de la pénibilité du travail, mais pas de la destruction de l'emploi. Au contraire, il est possible de penser à une organisation du travail qui soit intensive en main-d'oeuvre. Selon le principe de travailler autrement, pour travailler moins et travailler tous.

  • la question des conditions de santé des travailleurs: le souci écologiste n'est pas une préoccupation qui pourrait être réduite à celle du mode de vie de privilégiés. Les nuisances écologistes touchent généralement en premier lieu les plus pauvres ou les travailleurs.

 

Liens vers droit et développement durable:

 

Administration éco-responsable:http://www.ecoresponsabilite.environnement.gouv.fr/index.php

Développement durable entreprise:http://www.developpement-durable-entreprise.fr/

 

voir également: liens sur l'écologie

 

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