Usage du numérique à l’école: quelle pertinence ?

 

 

L’enthousiasme technologique naïf au service d’intérêts économiques qui ne le sont pas ne rend pas facile de faire le point sur les usages et les pratiques pédagogiques réellement pertinents à l’ère du numérique.

 

Indispensable numérique ?

 

Les méta-analyses sur l’usage des nouvelles technologies à l’école ont mis en avant le phénomène de la différence non significative (NSD): les élèves n’apprennent pas moins bien sans qu’avec ces technologies. En outre, les effets positifs tendent à s’estomper avec le temps: c’est l’effet d'accoutumance.

 

Les pratiques efficaces:

 

Néanmoins, si l’on désire se servir d’outils numériques dans sa pratique pédagogique, y-a-t-il des pratiques qui sont plus efficaces que d’autres ?

 

- La combinaison du numérique à distance et du présentiel:

 

Les travaux actuels mettent en avant que la pratique la plus efficace est celle qui consiste à compléter le cours en amont ou aval avec des supports en ligne. Néanmoins, ces travaux font également apparaître que ce sont les meilleurs élèves qui s’améliorent le plus grâce aux technologies du numérique. En outre, le tout en ligne génère un taux d’échec très important: or il s’agit d’un fait qui est souvent peu mis en avant par les tenants des Moocs et autres Khan Academy

 

- En classe, double encodage visuel/auditif et image fixe contre surcharge cognitive:

 

Les promoteurs du numérique à l’école valorisent le recours aux écrans et en particulier au tableau numérique interactif. Or, ils ne prennent pas en compte suffisament les travaux sur l’ergonomie cognitive.

En effet, les travaux en psychologie cognitive mettent en garde contre la surcharge cognitive. Les images animées avec en plus du texte, de la musique, des hyperliens… provoquent une surcharge cognitive et sont contre-performants.

Quels sont par conséquent les pratiques favorisant le mieux les apprentissages ? Il s’agit de présentations avec une image fixe sans texte commenté par le professeur. L’image et le discours favorisent un double encodage de l’information. La mémoire visuelle est plus puissante que la mémoire auditive, mais il ne peut pas y avoir de compréhension d’une connaissance sans transformation de celle-ci en information auditive. C’est pourquoi il n’y a pas à proprement parler de personnes qui aient une mémoire purement visuelle.

Les écrans présentent en outre un inconvénient: ils reposent sur une attention exogène et ne favorisent pas l’acquisition d’une attention endogène.

Si l’on résume le propos, il est possible de dire que les écrans captent l’attention des élèves, ils ne sont pas nécessairement efficaces pour l’apprentissage.

 

- L’usage des tablettes:

Les tablettes sont un outil ludique, mais elles ne sont pas un outils de travail. Elles ne sont pas ergonomiquement adaptées pour le traitement de texte. En outre, la prise de notes à la main favorise une meilleure mémorisation de l’information par rapport à la prise de notes sur clavier.

 

- La carte heuristique (1): Les travaux en psychologie cognitive ont mis en lumière que la construction de cartes heuristiques améliore sensiblement la mémorisation de l’information car elles obligent à comprendre et à organiser l’information et à faire des liens entre informations.

 

  1. Carte heuristique: La carte heuristique, un outil pédagogique:

http://eduscol.education.fr/lettres/pratiques/tic/action-utilis

 

- Apprendre à apprendre ou mémoire sémantique: Un discours rependu sur le numérique et que l’on trouve par exemple chez Michel Serres, c’est que la société de l’information nous dispense d’avoir à mémoriser des connaissances et qu’il suffit seulement de savoir où les chercher. C’est en partie le cas seulement.

En effet, les travaux en psychologie cognitive montrent que notre capacité à comprendre une information et donc à en évaluer la pertinence est relative aux connaissances que nous possédons déjà dans un domaine et à faire le lien avec nos connaissances antérieures. Il est donc toujours avantageux d’avoir en mémoire un grand nombre d’informations.

Néanmoins, la mémorisation de ces informations ne repose pas sur un simple apprentissage mécanique. La mémoire à long terme est illimitée. Mais pour que les informations soient récupérées, il faut qu’elles soient organisées dans un réseau sémantique. En outre, plus les liens sont nombreux, plus l’information est facile à récupérer.

Les travaux sur la plasticité neuronale montrent en outre que ce qui importe le plus, c’est le nombre importants de connexions entre les neurones et donc entre les informations.

 

- Le dossier documentaire: Le dossier documentaire est une pratique utilisée en techniques documentaires. Il peut être intéressant de demander à des élèves de constituer un dossier documentaire. Il s’agit pour eux de: choisir des documents pertinents, de les organiser selon un plan, de construire l’introduction problématisée du dossier, la présentation/le résumé des documents, les transitions et la conclusion.

 

- La note de synthèse: Il peut être intéressant de demander aux élèves de chercher des documents sur Internet de manière à constituer un dossier pertinent et d’effectuer à partir de ce dossier une note de synthèse comme celle qui est demandée lors des concours administratifs.

 

- Produire un avis personnel réfléchi et une réflexion originale: une fois constitué le dossier documentaire et la note de synthèse, il est possible de demander aux élèves de produire un texte de réflexion personnelle qui essaie d’aller plus loin que ce qu’il y a dans les documents en effectuant des inférences à partir de ceux-ci. Il s’agit également de les inciter à donner un avis personnel sur la thématique étudiée. Des tests en psychologie cognitive ont en effet montré que des étudiants qui sont sollicités pour donner leurs avis sur les connaissances étudiées les mémorisent mieux. Enfin, dernière étape, il s’agit de les inviter à essayer de produire une réflexion personnelle, originale, sur la thématique étudiée.

 

- Médiation, expertise et métacognition: La relation enseignante présente une efficacité lorsqu’elle combine de la part de l’enseignant un haut niveau d’expertise dans sa discipline et d’attention métacognitive dans la transmission des apprentissages. L’enseignant doit transmettre non seulement un savoir structuré, mais également les stratégies cognitives permettant aux élèves de s’approprier ces savoirs en les reconstruisant dans leurs activités d’apprentissage.

 

 

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