Importance de la métacognition

 

 

Il s’agit dans le texte ci-dessous de dégager un certain nombre de raisons qui justifient de se situer, au cours d’un enseignement, à un niveau métacognitif.

 

1) Sens du travail scolaire et rapport au savoir.

 

Un premier plan d’intervention métacognitif peut consister à interroger les élèves sur le sens qu’ils accordent au travail scolaire et sur leur rapport au savoir.

 

Il peut être ainsi possible de discuter avec eux des travaux de l’équipe ESCOL sur le rapport au savoir et la réussite scolaire: utilitarisme, passivité.... Ces travaux peuvent être rapprochés des études en psycho-pédagogie qui mettent en lumière l’impact positif des motivations intrinsèques (par exemple les buts de maîtrise - comprendre les savoirs) par rapport aux motivations extrinsèques (par exemple, le simple objectif de performance - la bonne note -).

 

Cette réflexion peut être également complétée par une interrogation sur la représentation que se font les élèves de l’intelligence. Les études montrent ainsi que ceux qui ont une vision fixicite de l’intelligence, et donc qui attribuent leur échec à une cause sur laquelle ils n’ont pas prise, réussissent moins une tâche que ceux qui pensent que les difficultés qu’ils rencontrent sont liées à leur propre travail (cause sur laquelle ils peuvent influer) et qui considèrent que la tâche proposée constitue une occasion de développer leurs capacités.

 

Il est également possible de ménager un espace d’interrogation sur le sens de l’activité scolaire, à savoir les significations et les buts que l’on peut donner au fait d’apprendre et au système scolaire.

 

Cette réflexion peut se traduire aussi par le fait de montrer comment l’intérêt pour de nouvelles connaissances n’est pas donné, mais qu’il est également une construction du sujet qui parvient à donner un sens personnel à ces savoirs.

 

Il s’agit donc de travailler sur les cadres d’interprétation de l’expérience scolaire de l’élève et de lui montrer qu’il peut en adopter d’autres si ceux qu’il utilise le conduise à une situation de blocage scolaire.

 

2) Mise en relief de l’activité cognitive

 

La réussite scolaire n’est pas seulement liée à un rapport au savoir, elle passe également par une activité mentale. Mais cette dernière n’est pas visible. Il peut être intéressant dans ce cas que l’enseignant mette en évidence l’importance de cette activité mentale à la fois en cours et en dehors des cours dans l’appropriation des savoirs. C’est ce que mettent relief les travaux en psychologie cognitive.

 

L’activité mentale passe tout d’abord par une écoute active qui met en lien les nouvelles informations introduites en cours avec les connaissances antérieures, et en particulier avec des situations connues constituant des cas d’application (des exemples concrets). Ces liens favorisent la compréhension et la récupération de l’information entendue.

 

Cette activité se manifeste également dans la prise de note active plutôt que dans le cours dicté qui favorise la passivité mentale par une prise de note mécanique. La prise de note passe par la hierarchisation de l’information et son organisation spatiale dans une mise en page qui favorise un travail de compréhension-appropriation des savoirs. En effet, la prise de note suppose une première forme d’organisation-construction des savoirs.

 

En dehors des heures de classe, le travail personnel de compréhension-appropriation peut passer par des exercices consistant à: rédiger un résumer, produire une carte conceptuelle.  Ces deux exercices permettent ainsi un double encodage de l'information qui améliore la compréhension et la mémorisation à long terme. Il s’agit avant de mémoriser, d’effectuer un travail d’organisation-compréhension du savoir qui en facilite la mémorisation. Si la carte conceptuelle est un exercice qui facilite l’appropriation du cours, c’est qu’elle présente deux avantages majeurs. D’une part, elle met en valeur les concepts clés qui doivent s’inscrire dans la mémoire sémantique de l’apprenant. D’autre part, elle établie des liens entre les concepts et les informations qui leurs sont liés. Or la mémorisation des informations est meilleure lorsqu’elles sont reliées entre elles: en effet le rappel d’un mot clef entraîne logiquement le rappel des informations qui lui sont reliées.

 

De même, plusieurs lectures passives d'une leçon constitue une méthode très peu efficace. La mémorisation est plus efficace avec l'usage de stratégies dynamiques: écrire ce que l'on sait déjà de mémoire, vérifier ce qui manque, reconstituer ce qui manque à l'oral ou par écrit. Il est utile d'avoir en tête le plan global et de se concentrer également sur les concepts clés. 

 

L’évaluation critique des savoirs est une méthode qui augmente également la mémorisation. De même, l’apprentissage fractionné constitue une méthode plus efficace qu’un apprentissage groupé en une seule fois pour une mémorisation plus durable de l’information. Se poser des questions ou apprendre en ayant en tête le contexte de réutilisation des informations sont également des procédés pertinents. 

 

Les lectures qui permettent de consolider, de compléter et d’approfondir la compréhension doivent être également actives. Cela passe par une lecture questionnante qui repère les informations importantes. Ce repérage mental peut s’accompagner d’un soulignement et d’une activité d’annotation critique. Il peut se prolonger par la rédaction d’une note de lecture comportant un résumé et une critique.

 

La réutilisation des connaissances en dehors du cadre scolaire, par exemple dans la vie quotidienne ou pour analyser l'actualité, facilite également l'assimilation des informations.

 

L'anticipation mentale des tâches par leur planification tant sur le plan de l'organisation du temps que du contenu constitue également une stratégie métacognitive qui peut être mise en valeur.  

 

3) Réflexion métacognitive et processus de secondarisation

 

Entraîner les élèves à se situer à un niveau métacognitif, c’est les habituer à se situer dans un rapport de réflexivité par rapport au savoir et à leurs méthodes d’apprentissage.

 

Cette attitude métacognitive peut être favorisée par l'organisation de situation de conflit socio-cognitif en classe soit entre l'enseignant médiateur et les apprenants, soit entre pairs. 

 

La capacité à se situer à un niveau métadiscursif est une des caractéristiques du rapport aux savoirs des élèves en réussite scolaire: distance critique, réflexivité, décontextualisation et abstraction…. Ce sont des attitudes mentales qui distinguent l’immédiateté de l’expérience quotidienne de la réflexivité des opérations intellectuelles exigées par les travaux scolaires.

 

Pour aller plus loin:

 

Bautier et Rayou, Les inégalités d’apprentissages [sur le rapport au savoir des élèves et l’importance des processus de secondarisation]

 

Britt-Marie Barth, Elève chercheur, enseignant médiateur [ ouvrage qui met en valeur l’importance de la conceptualisation et de la métacognition]

 

Vianin Pierre, L'aide stratégique aux élèves en difficulté scolaires [ouvrage qui présente différentes stratégies cognitives utilisables par les élèves et met en valeur le rôle de médiateur de l'enseignant]. 

 

Viau Rolland, La motivation en contexte scolaire [ouvrage qui met en lumière certaines pratiques pédagogiques qui favorisent l’implication mentale des élèves en cours].

 

Vienneau Raymond, Apprentissage et enseignement - théories et pratiques - [ Ouvrage qui fait une synthèse des théories de l’apprentissage et entre autre des pratiques d’apprentissage évaluées comme les plus efficaces par des expériences menées en psychologie cognitive]